Manifeste Pour un nouveau Contrat socialConstruire la responsabilité collective
Ce document est la conclusion d'une vaste étude menée par l'Observatoire du Dialogue et de l'Intelligence Sociale depuis 1999 sur le thème « 35 heures, contraintes, performances et Intelligence Sociale », qui a permis d'associer près de 4000 dirigeants à la réflexion à travers :
- 4 enquêtes statistiques, réalisées chacune auprès de 400 dirigeants,
- 200 études de cas de structures de toutes tailles, de tous secteurs d'activité, en région parisienne et en province,
- Des groupes d'analyse qualitative avec des dirigeants et des associations,
- 16 forums-débats réunissant chacun plus d'une centaine de participants, à Rouen, Reims, Montpellier, Vichy, Dijon, Bordeaux, Grenoble, Tours, Toulouse, Lyon et Paris,
- Des réunions et entretiens individuels avec les représentants d'organisations patronales et syndicales (MEDEF, CFDT, CFTC, CGC-CFE, FO, SUD-CRC et UNSA).
Les co-auteurs de ce document sont :
- la Confédération générale des PME (CGPME)
- le Centre des jeunes dirigeants (CJD)
- la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA)
- le collège d'employeurs du secteur associatif « Unir et Fédérer » (UNIFED)
- l'Union professionnelle artisanale (UPA)
POUR UN NOUVEAU CONTRAT SOCIAL
Dans l’ensemble, notre système social a tendance à infantiliser les acteurs en réduisant leurs marges de manœuvre. Il faut repenser la répartition des rôles pour construire la responsabilité collective.
La raison d’être de l’entreprise
Toutes les entreprises ont pour vocation de rendre un service ou de fabriquer un produit. Leur finalité est donc bien de servir et non pas de se servir. Cela suppose de prendre en compte les besoins non seulement immédiats mais également à long terme des clients. Il s’agit donc pour l’entreprise de donner, en plus de la qualité de ses prestations et/ou produits, des gages d’éthique et d’implication pour un projet à long terme.
Or, le projet d’entreprise le plus solide est celui qui est partagé par les salariés. Il faut donc donner aux salariés la possibilité de contribuer à l’optimisation permanente de ce projet et de sa déclinaison au quotidien. Pour le chef d’entreprise, cela suppose d’adopter une posture personnelle de dialogue permanent et de reconnaissance de la personne.
Des salariés engagés
Le dialogue étant un échange, pour pouvoir être traité en adulte, le salarié doit adopter un comportement responsable. Cette responsabilisation se traduit par le fait qu’au-delà de la fonction ou des avantages, le salarié recherche et trouve sa motivation dans une mission et la contribution qu’il souhaite apporter à autrui. Fier de son entreprise, le salarié engagé s’épanouit en travaillant et en progressant. Apportant sa pierre, il renforce l’édifice commun qui, en retour, est en mesure de renforcer sa rémunération et son statut social, qui deviennent une conséquence de son implication et non une condition préalable.
L’écoute, gage de légitimité et de crédibilité des corps intermédiaires
Si le salarié et le dirigeant se comportent de façon différente, leurs représentants doivent eux aussi se comporter de façon différente. Le débat public doit dépasser la seule confrontation des intérêts particuliers de chacun pour tendre vers la recherche du bien commun. Les corps intermédiaires doivent donc faire évoluer la nature de leur légitimité en se plaçant réellement à l’écoute du corps social qu’ils représentent, mais également de l’ensemble des autres acteurs. Les organisations patronales doivent ainsi accroître leur capacité à intégrer la dimension humaine comme facteur de performance économique. En miroir, les syndicats ne doivent plus seulement défendre les revendications des salariés mais également faire valoir leurs attentes à long terme et surtout leurs idées.
L’Etat, garant du principe d’intérêt général
Le Gouvernement devrait lui aussi montrer sa capacité d’écoute et rendre aux partenaires sociaux le pouvoir d’inventer l’entreprise de demain. L’enjeu de l’Etat et des institutions, y compris des institutions européennes, est là : construire la loi en se plaçant à proximité et à l’écoute du citoyen. C’est au Président de la République d’affirmer une vision à long terme. Elu par les Français, il doit être le garant de leur réflexion collective à long terme, ce qui lui permettra de les responsabiliser et de les sensibiliser aux contraintes mais également de renforcer sa légitimité.
Une méthode unique : organiser la participation à la réflexion
La réussite de ce nouveau contrat social, tant entre entreprises et salariés qu’entre corps intermédiaires et leurs mandants ou Etat et citoyens, passe par la participation du plus grand nombre d’acteurs à la réflexion. Cet exercice nouveau de pratique du dialogue et de la responsabilité collective favoriserait la performance économique et sociale, tant au niveau de l’entreprise qu’au niveau national, à travers le renforcement de la cohésion et de la capacité d’innovation.