Observatoire du Dialogue
et de l'Intelligence Sociale
La raison la meilleure
devient la plus forte
?

La démocratie citoyenneI. De la démocratie en général Structurer le dialogue à grande échelle au sein d’un corps social revient à développer, modifier et même instaurer des mécanismes à caractère démocratique. La démocratie n'est pas unique, il en existe de nombreux modèles, plus ou moins producteurs de mieux réfléchir et de mieux vivre ensemble. Construire la démocratie citoyenne consiste à forger l'outil qui responsabilisera les personnes pour les transformer en citoyens participant à la construction d'une cité toujours meilleure. Afin de nous engager dans la voie de la réforme, définissons ce qu’est un citoyen, la finalité de la démocratie et ses principes de fonctionnement.

1. Le citoyen est responsable de toute la cité

L'Homme ne se réalise que s'il détermine lui-même sa destinée. Pour maîtriser ses choix et s'assumer, il lui faut se connaître.

1.1 Maitrise du destin personnel

La liberté et l'éducation sont des outils nécessaires pour décider de ce que l’on fait de sa vie, de son temps. Or cette richesse de l’Homme qu’est le temps, personne ne sait de combien il en dispose. Certains mettent une vie à accomplir ce que d'autres réalisent quotidiennement. Face à une difficulté, l'on peut être actif ou passif, chercher des moyens de passer l'obstacle ou se résigner. Si la compétence est essentielle pour répondre à un problème donné, la question fondamentale réside dans la volonté de le prendre en main pour en trouver les clés. D'aucuns, en toutes circonstances, cherchent des solutions ; ils en trouvent parfois. D'autres, baissant les bras, n'en trouvent jamais. Comment trouver si l'on ne cherche pas ? L'existence, bornée par une vision à court terme, devient alors une errance sans but ni perspective. Quand l'objectif est fixé, rien n'est sûr, mais, alors seulement, il est possible de l'atteindre, même si la marche est longue et rude.

L'important est de chercher en soi ce qui est le plus important, puis alors seulement de choisir ses ambitions et s'y tenir. La décision relève du domaine intellectuel, tandis que l'action est physique : l'une nécessite courage et volonté, l'autre dynamisme et énergie. Quelle que soit la mission assumée, l'on ne peut se dépenser infiniment, tandis que l'audace n'a pas de limite : lorsque l'on ne peut faire plus, il est toujours possible de faire mieux. De ce point de vue, l'acte de décider l'emporte sur l'action elle-même.

1.2 Maîtrise du destin collectif

S'agissant de problèmes de société, l'énergie nécessaire pour s’en saisir semble d'une telle ampleur que la tentation est grande pour des personnes isolées de conclure que l’impact de leur action individuelle équivaut à celui d’une goutte d’eau dans l’océan et par conséquent qu’elles ne peuvent rien faire. Mais, si chacun pense que rien n'est possible et que personne ne fait quoi que ce soit, tout le monde est alors contraint à l’immobilisme par l’inertie des autres. Au contraire, si tout le monde décide de faire un geste dans une même direction, il devient possible, pour chacun, et même facile, d’abonder au mouvement collectif et donc de contribuer à construire le changement.

Chacun peut choisir d'intervenir ou non. Le véritable citoyen se sent responsable de son environnement. Pour prendre en charge les problèmes qui lui paraissent importants, il n’attend pas d’être missionné, ni même que d’autres aient fait le premier pas. Un citoyen pense et agit en se percevant comme responsable de toute la société et pas seulement de sa propre personne ni même de ses seuls cercles personnels et professionnels. Exprimer son mécontentement à ses proches dans des conversations privées ne saurait lui suffire : il veut contribuer à l'amélioration générale. Après avoir réfléchi d'une manière constructive, il ne se contente pas de discourir, mais joint l'acte à la parole. Refusant la facilité, il intervient pour donner corps à ses idées, intégrer celles des autres dans ses analyses globales puis, après réflexion, il agit résolument. Voter ne saurait donc lui suffire.

Le citoyen

Nous avons tous en nous-même une part de citoyen que nous activons plus ou moins. Nous sommes citoyens quand nous contribuons activement et constructivement à la co-définition et à la co-construction de notre avenir commun. Le citoyen est celui qui se sent responsable de son avenir, de celui de son environnement personnel et professionnel ainsi que de celui de toute la société. Il reconnait à chacun des autres citoyens la même responsabilité et, en conséquence, il veut co-construire le diagnostic et les orientations avec eux.

Etre citoyen est le croisement d’une posture de responsabilité intellectuelle et d’un comportement proactif d’innovation pragmatique. L’ère des télécommunications sera celle de ces citoyens capables d’embrasser la complexité. La qualité des idées aura enfin l'ascendant sur tout autre critère. Point ne sera plus besoin d'hériter d'un nom prestigieux à la naissance, du carnet d'adresses fourni par sa famille ou ses amis ou de moyens financiers, ni même d’une expertise technique indiscutée, instruments jusqu'à présent indispensables à toute existence politique.

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